Le Bas Chantenay est un quartier industriel en mutation, en bord de Loire. Dans cette ambiance de collage urbain, une maison ferroviaire des années 20 est restructurée en bureaux, espaces nomades, collaboratifs et de réception.
Pour adoucir la cohabitation des activités logistiques et tertiaire, la proue de la parcelle est transformée en un jardin montant de plain-pied avec la maison, dont le rez-de-chaussée surélevé rappelait sa proximité avec la Loire. L’ensemble accompagne la restructuration du Bas-Chantenay et son maillage piéton. Dans cet environnement changeant, le projet répond à un enjeu de surimpression architecturale et mémorielle, et met en valeur un patrimoine, si commun soit-il.
Débarrassée de son toit originel, la maison est réhabilitée en un socle maçonné à arcades surélevé d’un volume en résille bois. Dans la partie rénovée, la logique architectonique – une enceinte maçonnée subdivisée par un mur de refend et un noyau maçonné – est remobilisée au profit de nouvelles pratiques. Les espaces ouverts s’installent entre ces invariables, qui articulent zones calmes, collectives et techniques.
La rénovation se structure autour de deux interventions ciblées : arasement et trémie. Contre le refend originel, les planchers bois sont ouverts en un atrium transversal et toute hauteur. Ce vide introduit de nouvelles qualités d’usages et diffuse un confort lumineux et des flux simplifiés dans le bâtiment. Au niveau +2, la surélévation prolonge la logique et les qualités des étages inférieurs. Autour de l’atrium, un espace de réception, des salles de réunion et des terrasses-belvédère regardent le grand paysage industriel, dans une vue filtrée par la résille. Pour ne pas bouleverser la structure existante, la charpente repose directement sur les façades sans reprise intermédiaire. Elle est organisée en un exosquelette de bois, habillé de modules de résille préfabriqués et autoportants. Depuis l’extérieur, ce moucharabieh joue sur les perceptions cinétiques lointaines et proches. Selon le point de vue, ce monolithe sans échelle fait écho aux volumes des hangars voisins ou devient dentelle de bois.
Pour tenir une ambiance globale confortable et unifiée, il a été proposé à la maîtrise d’ouvrage de faire intervenir l’atelier Fichtre, menuisiers-concepteurs. Leur travail s’associe à la démarche architecturale et y incorpore un regard sensible et artistique. A la façon d’un décor de théâtre inversé, ils réalisent un garde-corps en bois cernant l’atrium. Massif, il crée une barrière acoustique et séquence les déambulations. De généreux placards bois épaississent les parois existantes. Ils mettent à l’abri des zones de travail de l’atrium et offrent du stockage aux travailleurs nomades. Ces dispositifs favorisent les vues longues et structurent la circulation entre les différents espaces. Le projet s’inscrit dans une démarche de réemploi porté par l’agence dès la conception. Le mobilier de bureau, réalisé par Fichtre, transforme ainsi les anciens bureaux de l’entreprise en grandes tablées pour les travailleurs de passages. Les matériaux déposés sont réinvestis : la charpente est réutilisée en bancs et les tuiles empilées de la couverture deviennent les murs moucharabieh de l’abri vélo de l’entrée.
Approche environnementale : Pour adoucir la cohabitation des activités logistique et tertiaire, la proue de la parcelle est transformée en un jardin de pleine terre montant vers la maison, propice à l’infiltration.
Les conforts d’été & d’hiver profitent de l’inertie des murs existants, des apports passifs des verrières de la surélévation, et d’une convection naturelle favorisée par un atrium.
Au-delà du fait de réinvestir un patrimoine existant, le projet inclut une démarche de réemploi :
la charpente est réutilisée en bancs, les tuiles de la couverture déposée sont empilées en murs moucharabieh de l’abri vélo de l’entrée, les mobiliers de l’entreprise sont réemployés et transformées en tablées de travail.
Bureau(x) d’études : BE structure : ASCIA, BE fluides : EMENDA, Economiste OPC : ECMS
Photographe : Gaëtan Chevrier